Le contrôle qualité représente l'épine dorsale de tout système de production industrielle moderne. Méticuleusement exécuté à chaque étape de la chaîne de fabrication, il garantit que les produits finis répondent aux spécifications techniques, aux normes de sécurité et aux attentes des clients. Dans un contexte de mondialisation et de concurrence accrue, les entreprises qui se démarquent sont celles qui ont mis en place des systèmes de contrôle qualité robustes, permettant non seulement de réduire les coûts liés aux défauts mais également d'améliorer leur réputation sur le marché. L'évolution technologique a considérablement transformé ces processus, les rendant plus précis, plus rapides et davantage intégrés aux lignes de production.
Les fondamentaux du contrôle qualité en milieu industriel
Le contrôle qualité en milieu industriel repose sur un ensemble de principes et méthodologies visant à assurer la conformité des produits. Cette démarche n'est pas simplement réactive mais s'inscrit dans une philosophie d'amélioration continue. Les entreprises qui excellent dans ce domaine ne se contentent pas de détecter les défauts, elles cherchent activement à comprendre leurs origines pour les éliminer à la source. Cette approche préventive permet de réduire considérablement les coûts associés à la non-qualité, estimés entre 5% et 30% du chiffre d'affaires selon les secteurs d'activité.
La mise en place d'un système de contrôle qualité efficace nécessite l'implication de l'ensemble des collaborateurs, de la direction aux opérateurs. Cette culture qualité doit être soutenue par des formations adaptées et des outils de mesure performants. Les entreprises les plus avancées dans ce domaine considèrent la qualité non pas comme une contrainte mais comme un véritable levier de compétitivité qui leur permet de se différencier sur des marchés saturés.
Les normes ISO 9001 et leur application concrète en usine
La norme ISO 9001 constitue le référentiel international en matière de système de management de la qualité (SMQ). Son application en environnement industriel se traduit par la mise en place d'une organisation documentée et structurée autour du principe d'amélioration continue. Pour une usine, l'implémentation de cette norme implique de définir clairement les responsabilités, de documenter les processus et de mettre en place des indicateurs de performance pertinents.
En pratique, l'ISO 9001 se matérialise par l'élaboration d'une pyramide documentaire comprenant le manuel qualité, les procédures, les instructions de travail et les enregistrements. Ces documents constituent la colonne vertébrale du système qualité et permettent d'assurer la traçabilité des opérations. Les audits internes et externes viennent régulièrement vérifier la conformité du système avec les exigences de la norme et identifier les opportunités d'amélioration.
La certification ISO 9001 n'est pas une fin en soi mais plutôt le début d'une démarche d'amélioration continue qui doit imprégner l'ensemble de l'organisation pour générer des bénéfices tangibles en termes de qualité, de coûts et de délais.
Méthodes statistiques : AQL, SPC et plans d'échantillonnage
Le contrôle qualité moderne s'appuie fortement sur des méthodes statistiques qui permettent d'optimiser les ressources tout en garantissant un niveau de confiance élevé. La méthode AQL (Acceptable Quality Level) définit le niveau de qualité acceptable pour un lot de produits. Concrètement, elle fixe le pourcentage maximal de défauts tolérés. Par exemple, un AQL de 2,5% signifie qu'un lot contenant jusqu'à 2,5% de défauts sera accepté.
Le SPC (Statistical Process Control) ou MSP
(Maîtrise Statistique des Procédés) utilise des cartes de contrôle pour surveiller en temps réel la stabilité des processus. Ces outils permettent de détecter rapidement toute dérive avant qu'elle ne génère des non-conformités. Le SPC repose sur le principe qu'il est plus efficace de contrôler le processus que le produit lui-même.
Les plans d'échantillonnage déterminent le nombre d'unités à contrôler et les critères d'acceptation ou de rejet d'un lot. Ils sont généralement basés sur les normes ISO 2859 (échantillonnage par attributs) et ISO 3951 (échantillonnage par mesures). Ces méthodes permettent de réduire considérablement le nombre de contrôles tout en maintenant un niveau de confiance élevé.
L'approche six sigma et DMAIC dans le contrôle qualité moderne
L'approche Six Sigma vise l'excellence opérationnelle en réduisant drastiquement la variabilité des processus. Son objectif est d'atteindre un niveau de qualité tel que la probabilité de défaut ne dépasse pas 3,4 défauts par million d'opportunités (DPMO). Cette méthodologie s'appuie sur une démarche structurée connue sous l'acronyme DMAIC : Define (Définir), Measure (Mesurer), Analyze (Analyser), Improve (Améliorer) et Control (Contrôler).
Dans la phase de définition, vous identifiez clairement le problème à résoudre et les objectifs à atteindre. La phase de mesure permet de quantifier la performance actuelle du processus. L'analyse vise à identifier les causes racines des défauts. L'amélioration consiste à mettre en œuvre des solutions pour éliminer ces causes. Enfin, la phase de contrôle permet de s'assurer que les améliorations sont maintenues dans le temps.
Les entreprises qui ont adopté avec succès l'approche Six Sigma ont généralement mis en place une structure organisationnelle spécifique avec des Black Belts , Green Belts et Yellow Belts , formés aux outils statistiques avancés et aux techniques de résolution de problèmes.
Le cycle PDCA (deming) appliqué au contrôle qualité
Le cycle PDCA, également connu sous le nom de roue de Deming, constitue un pilier fondamental de l'amélioration continue dans le domaine du contrôle qualité. Ce modèle itératif se décompose en quatre phases : Plan (Planifier), Do (Réaliser), Check (Vérifier) et Act (Agir). Appliqué au contrôle qualité en usine, ce cycle permet d'améliorer progressivement les processus en identifiant et en éliminant les sources de non-conformités.
Dans la phase de planification, vous définissez les objectifs qualité et identifiez les ressources nécessaires. La phase de réalisation correspond à la mise en œuvre des actions planifiées. La vérification consiste à mesurer les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés. Enfin, la phase d'action vise à standardiser les améliorations si les objectifs sont atteints ou à engager des actions correctives dans le cas contraire.
Ce cycle vertueux, lorsqu'il est correctement appliqué, permet une amélioration continue des performances qualité. Les entreprises les plus performantes l'ont intégré dans leur culture organisationnelle, créant ainsi un environnement propice à l'innovation et à l'excellence opérationnelle.
Processus et étapes d'un contrôle qualité efficace
Un contrôle qualité efficace en milieu industriel s'articule autour d'un processus structuré qui couvre l'ensemble du cycle de production. Cette approche systématique permet d'identifier et de corriger les non-conformités à chaque étape, réduisant ainsi considérablement les coûts associés à la détection tardive des défauts. Selon les experts du secteur, la détection d'un défaut en phase de conception coûte environ 10 fois moins cher qu'en phase de production, et 100 fois moins cher qu'après la livraison au client.
La mise en place d'un système de contrôle qualité efficace nécessite une définition claire des points de contrôle, des méthodes de mesure et des critères d'acceptation. Ces éléments doivent être formalisés dans un plan qualité qui servira de référence à l'ensemble des acteurs impliqués dans le processus de fabrication. L'automatisation croissante des contrôles permet aujourd'hui d'augmenter la fiabilité des mesures tout en réduisant les temps d'inspection.
Le contrôle à réception des matières premières
Le contrôle à réception constitue la première barrière contre l'introduction de défauts dans le processus de fabrication. Cette étape cruciale vise à vérifier la conformité des matières premières et composants par rapport aux spécifications d'achat. Selon les statistiques industrielles, environ 60% des défauts qualité trouvent leur origine dans des matières premières non conformes, d'où l'importance capitale de ce premier filtre.
En pratique, le contrôle à réception peut prendre différentes formes selon la nature des matériaux et les risques associés. Pour les matières critiques, un contrôle à 100% peut être nécessaire, tandis que pour d'autres, un contrôle par échantillonnage sera suffisant. Les méthodes utilisées varient également : contrôles dimensionnels, analyses chimiques, tests mécaniques ou encore contrôles visuels.
La traçabilité des matières premières est un aspect fondamental du contrôle à réception. Chaque lot doit être identifié et les résultats des contrôles doivent être enregistrés de manière à pouvoir établir une corrélation entre d'éventuelles non-conformités produit et les lots de matière concernés.
Contrôles en cours de production et points critiques
Les contrôles en cours de production, ou contrôles en ligne, permettent de détecter rapidement les dérives du processus avant qu'elles ne génèrent un volume important de produits non conformes. Ces contrôles sont stratégiquement positionnés aux points critiques du processus, identifiés lors des analyses de risques type AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité).
L'autocontrôle par les opérateurs constitue souvent la première ligne de défense. Formés aux critères qualité, ils vérifient périodiquement la conformité des pièces qu'ils produisent. Cette approche responsabilisante s'inscrit dans une logique de qualité intégrée où chaque collaborateur devient acteur de la qualité.
Pour les caractéristiques critiques, des contrôles plus formels sont généralement réalisés par du personnel spécialisé ou par des systèmes automatisés. Les résultats sont enregistrés et analysés en temps réel pour détecter d'éventuelles tendances avant qu'elles ne conduisent à des non-conformités. Cette surveillance active permet d'intervenir de manière préventive sur le processus.
Inspection finale et libération de lots
L'inspection finale représente l'ultime vérification avant la livraison au client. Son objectif est de s'assurer que le produit fini répond à l'ensemble des exigences spécifiées. Cette étape est particulièrement importante dans les secteurs où la sécurité des utilisateurs est en jeu, comme l'automobile, l'aéronautique ou le médical.
En fonction des exigences qualité et des risques associés, l'inspection finale peut être réalisée sur 100% des produits ou sur un échantillon représentatif. Elle peut inclure des contrôles fonctionnels, des tests de performance, des vérifications dimensionnelles ou des contrôles esthétiques. Les critères d'acceptation doivent être clairement définis et communiqués aux équipes en charge de l'inspection.
La libération de lots constitue l'étape administrative qui finalise le processus de contrôle qualité. Elle consiste à examiner l'ensemble des enregistrements qualité associés au lot (résultats des contrôles à réception, en cours de production et finaux) pour s'assurer que toutes les exigences sont satisfaites. Dans certains secteurs régulés comme le pharmaceutique, cette libération doit être effectuée par une personne qualifiée spécifiquement habilitée.
Tests destructifs vs non-destructifs : applications sectorielles
Les méthodes de contrôle qualité se divisent en deux grandes catégories : les tests destructifs, qui rendent l'échantillon inutilisable après contrôle, et les tests non-destructifs, qui permettent de vérifier les caractéristiques du produit sans l'altérer. Le choix entre ces deux approches dépend de nombreux facteurs : nature du produit, caractéristiques à contrôler, coût unitaire, volume de production, etc.
Les tests destructifs incluent par exemple les essais de traction pour évaluer la résistance mécanique des matériaux, les tests de chute pour les emballages, ou encore les analyses chimiques nécessitant le prélèvement d'échantillons. Ces méthodes offrent généralement des résultats très précis mais impliquent la destruction des échantillons testés, ce qui peut représenter un coût significatif pour des produits à forte valeur ajoutée.
- Prélèvement des échantillons selon un plan d'échantillonnage prédéfini
- Réalisation des tests selon les protocoles validés
- Analyse des résultats et comparaison avec les spécifications
- Documentation des résultats et décision d'acceptation ou de rejet
Les méthodes non-destructives comme la radiographie, l'ultrason, les courants de Foucault ou la thermographie infrarouge permettent d'inspecter 100% de la production sans altérer les produits. Ces techniques sont particulièrement prisées dans les secteurs où la fiabilité est critique , comme l'aéronautique ou le nucléaire. Bien que l'investissement initial soit souvent élevé, ces méthodes s'avèrent rentables à long terme pour les productions de haute valeur.
Technologies et équipements de contrôle qualité
L'évolution technologique a révolutionné les méthodes de contrôle qualité en usine au cours des dernières décennies. L'automatisation, la numérisation et l'intelligence artificielle ont permis d'augmenter considérablement la précision, la répétabilité et la vitesse des contrôles tout en réduisant l'intervention humaine. Ces avancées technologiques ont transformé le contrôle qualité, autrefois perçu comme un centre de coûts, en un véritable levier de compétitivité pour les entreprises industrielles.
L'int
égration de l'Internet des Objets (IoT) dans l'industrie a également ouvert de nouvelles perspectives pour le contrôle qualité. Les capteurs connectés permettent désormais de collecter des données en temps réel sur l'ensemble des paramètres critiques du processus, facilitant ainsi la détection précoce des anomalies. Ces systèmes intelligents s'inscrivent dans la démarche d'Industrie 4.0 qui redéfinit les standards de performance en matière de contrôle qualité.
Systèmes de vision industrielle et caméras haute définition
Les systèmes de vision industrielle représentent une avancée majeure dans le domaine du contrôle qualité automatisé. Ces dispositifs combinent des caméras haute définition, des sources d'éclairage spécifiques et des algorithmes sophistiqués de traitement d'image pour détecter en temps réel les défauts visuels. Contrairement à l'inspection humaine, sujette à la fatigue et aux variations d'interprétation, ces systèmes offrent une constance et une précision remarquables, pouvant identifier des défauts de l'ordre du micron.
En pratique, ces systèmes peuvent être configurés pour détecter différents types d'anomalies : défauts de surface, erreurs d'assemblage, présence ou absence de composants, ou encore variations dimensionnelles. Les secteurs de l'électronique, de l'automobile et de l'emballage pharmaceutique ont été parmi les premiers à adopter massivement cette technologie, réduisant ainsi leur taux de défauts de plus de 80% dans certains cas.
L'évolution récente de l'intelligence artificielle, notamment le deep learning, a considérablement amélioré les capacités de ces systèmes. Les algorithmes auto-apprenants peuvent désormais identifier des défauts complexes et variables qu'il aurait été difficile de programmer explicitement. Cette flexibilité permet d'adapter rapidement les contrôles à de nouveaux types de produits ou à des variantes de défauts.
Machines CMM (coordinate measuring machine) et métrologie 3D
Les machines à mesurer tridimensionnelles (CMM) constituent la référence en matière de contrôle dimensionnel de précision. Ces équipements utilisent une sonde tactile ou optique pour capturer les coordonnées spatiales de points spécifiques sur la pièce à contrôler. Les données collectées sont ensuite comparées au modèle CAO théorique pour évaluer la conformité dimensionnelle avec une précision pouvant atteindre quelques microns.
L'évolution technologique a permis l'émergence de scanners 3D qui capturent instantanément des millions de points pour reconstruire intégralement la géométrie des pièces. Cette approche non-contact présente l'avantage de pouvoir mesurer des pièces délicates ou déformables sans les altérer. Les scanners 3D portables offrent également une flexibilité accrue, permettant le contrôle de pièces volumineuses ou difficilement accessibles.
L'intégration des technologies de métrologie 3D dans les lignes de production a transformé le contrôle dimensionnel en le rendant plus accessible, plus rapide et plus exhaustif qu'avec les méthodes traditionnelles de métrologie par contact.
La digitalisation des pièces ouvre également la voie à de nouvelles formes d'analyse. Les logiciels spécialisés peuvent générer automatiquement des cartographies de déviation par rapport au modèle théorique, facilitant ainsi l'identification des zones problématiques et l'analyse des causes racines des déformations. Cette approche visuelle des écarts dimensionnels facilite grandement la communication entre les services qualité, production et conception.
Spectrophotomètres et colorimètres pour le contrôle visuel
L'aspect visuel des produits constitue un critère qualité majeur dans de nombreux secteurs tels que l'automobile, le cosmétique ou l'ameublement. Les spectrophotomètres et colorimètres permettent d'objectiver ce contrôle en mesurant précisément les caractéristiques chromatiques des surfaces. Ces instruments décomposent la lumière réfléchie par l'échantillon et quantifient sa composition spectrale, éliminant ainsi la subjectivité inhérente à l'évaluation humaine.
Les mesures colorimétriques sont généralement exprimées dans des espaces standardisés comme le système L*a*b*, où L* représente la luminosité, a* l'axe rouge-vert et b* l'axe jaune-bleu. Cette approche normalisée permet de définir des tolérances précises et de calculer des écarts chromatiques (ΔE) entre un échantillon et sa référence. En pratique, un ΔE inférieur à 1 est généralement imperceptible à l'œil humain, tandis qu'un écart supérieur à 3 devient clairement visible.
Au-delà de la simple mesure de couleur, les instruments modernes peuvent également évaluer d'autres aspects de l'apparence comme la brillance, la translucidité ou les effets métallisés. Ces caractéristiques complexes, difficiles à quantifier visuellement, peuvent désormais être contrôlées avec précision, garantissant ainsi une cohérence esthétique parfaite entre différents lots de production.
Solutions IoT et capteurs connectés pour le monitoring qualité
L'avènement de l'Industrie 4.0 a considérablement transformé l'approche du contrôle qualité grâce à l'intégration des capteurs connectés et des technologies IoT (Internet des Objets). Ces dispositifs permettent une surveillance continue des paramètres critiques du processus, générant un flux constant de données qui peuvent être analysées en temps réel. Cette approche préventive contraste avec le contrôle qualité traditionnel, souvent limité à des vérifications ponctuelles sur des échantillons.
Les capteurs intelligents peuvent surveiller une multitude de paramètres: température, pression, vibrations, consommation électrique, émissions acoustiques ou encore composition chimique. Les anomalies détectées déclenchent instantanément des alertes, permettant d'intervenir avant que les déviations ne génèrent des produits défectueux. Selon une étude récente, cette approche prédictive peut réduire les coûts liés à la non-qualité de 15 à 30% tout en améliorant la productivité globale.
L'analyse des données massives (big data) issues de ces capteurs offre également de nouvelles perspectives pour l'optimisation des processus. Les algorithmes d'intelligence artificielle peuvent identifier des corrélations subtiles entre les paramètres de production et la qualité finale, permettant ainsi d'affiner les réglages pour maximiser le rendement. Cette convergence entre contrôle qualité et optimisation de processus illustre parfaitement la transition vers l'usine intelligente du futur.
Documentation et traçabilité en contrôle qualité
La documentation et la traçabilité constituent les piliers fondamentaux d'un système de contrôle qualité efficace. Elles permettent non seulement de démontrer la conformité des produits aux exigences applicables, mais également de reconstituer l'historique complet de fabrication en cas de problème. Cette traçabilité ascendante (des matières premières au produit fini) et descendante (du produit fini aux matières premières) s'avère particulièrement précieuse lors des investigations liées à des réclamations clients ou des rappels de produits.
Un système documentaire robuste comprend généralement plusieurs niveaux d'information: les spécifications produits qui définissent les exigences à satisfaire, les procédures qui décrivent les méthodes de contrôle, les instructions de travail qui détaillent les opérations à réaliser, et enfin les enregistrements qui conservent les résultats des contrôles effectués. La digitalisation de ces documents facilite leur gestion, leur mise à jour et leur accessibilité, tout en réduisant les risques d'erreur liés à l'utilisation de versions obsolètes.
Les technologies modernes comme les codes QR, les puces RFID ou le blockchain
révolutionnent la traçabilité en permettant de suivre individuellement chaque composant tout au long de son cycle de fabrication. Ces outils garantissent l'intégrité et l'authenticité des données de traçabilité, un aspect crucial dans les secteurs fortement régulés comme le pharmaceutique ou l'aéronautique. Ils facilitent également l'identification rapide des lots concernés en cas de détection d'anomalies, limitant ainsi l'ampleur des rappels éventuels.
Gestion des non-conformités et actions correctives
La détection d'une non-conformité dans un processus industriel ne constitue pas un échec mais une opportunité d'amélioration. Un système efficace de gestion des non-conformités permet de transformer ces incidents en leviers de progrès pour l'ensemble de l'organisation. Cette approche constructive repose sur une méthodologie structurée qui commence par l'identification précise du problème, se poursuit par l'analyse de ses causes fondamentales et s'achève par la mise en œuvre d'actions correctives appropriées.
La réactivité face aux non-conformités est un facteur déterminant de leur impact économique. Selon des études industrielles, le coût de traitement d'un défaut augmente exponentiellement avec le temps écoulé depuis sa génération. Un défaut détecté immédiatement après sa création coûte en moyenne 10 fois moins cher à corriger que s'il est identifié lors de l'inspection finale, et 100 fois moins cher que s'il atteint le client. Cette réalité économique justifie pleinement l'investissement dans des systèmes de détection précoce des anomalies.
Analyses des causes racines avec méthodes 5 pourquoi et diagramme d'ishikawa
L'analyse des causes racines (RCA - Root Cause Analysis) constitue l'étape fondamentale dans la résolution durable des problèmes qualité. Contrairement à l'approche réactive qui se contente de corriger les symptômes, la RCA vise à identifier et éliminer les causes profondes des non-conformités, empêchant ainsi leur récurrence. Parmi les nombreuses méthodologies disponibles, la technique des "5 Pourquoi" et le diagramme d'Ishikawa (ou diagramme en arêtes de poisson) figurent parmi les plus efficaces et les plus largement utilisées.
La méthode des "5 Pourquoi" consiste à interroger de manière itérative les raisons d'un problème, chaque réponse servant de base à la question suivante. Bien que simple en apparence, cette approche permet de dépasser les causes superficielles pour atteindre les défaillances systémiques sous-jacentes. Par exemple, face à un problème de pièces rayées, le premier "pourquoi" pourrait identifier une manipulation incorrecte, le second un manque de formation, le troisième l'absence de procédure standardisée, et ainsi de suite jusqu'à remonter à des causes fondamentales comme des lacunes dans le système de management.
Le diagramme d'Ishikawa, quant à lui, offre une approche plus structurée en catégorisant les causes potentielles selon les "5M" (Main d'œuvre, Matière, Méthode, Machine, Milieu) ou d'autres classifications adaptées au contexte. Cette représentation visuelle facilite l'identification exhaustive des facteurs contributifs et leurs interactions. L'efficacité de cette méthode repose sur son caractère participatif, impliquant idéalement des représentants de différents services pour bénéficier de perspectives complémentaires sur la problématique étudiée.
CAPA (corrective Action/Preventive action) et suivi d'efficacité
Le système CAPA (Actions Correctives et Préventives) constitue l'épine dorsale de l'amélioration continue dans les entreprises industrielles. Il établit un cadre méthodologique pour répondre aux non-conformités détectées (actions correctives) et anticiper les problèmes potentiels avant leur manifestation (actions préventives). Contrairement à une idée répandue, la mise en œuvre d'un CAPA ne se limite pas à corriger ponctuellement un défaut mais vise à renforcer structurellement le système qualité pour éviter toute récurrence.
La distinction entre action corrective et action préventive est fondamentale. L'action corrective répond à une non-conformité avérée et vise à en éliminer les causes pour empêcher sa reproduction. L'action préventive, en revanche, s'appuie sur l'analyse des risques pour identifier et neutraliser les sources potentielles de problèmes avant qu'ils ne surviennent. Cette approche proactive s'avère généralement beaucoup plus économique que la correction après coup, d'où l'importance croissante accordée à cet aspect dans les systèmes qualité modernes.
Le suivi d'efficacité représente la phase critique souvent négligée du processus CAPA. Il consiste à vérifier que les actions mises en œuvre ont effectivement éliminé les causes racines identifiées et que le problème ne réapparaît pas dans des conditions similaires. Ce suivi peut prendre diverses formes selon la nature du problème: audits ciblés, contrôles renforcés, analyses de tendances ou indicateurs spécifiques. Sans cette vérification systématique, de nombreuses actions correctives se révèlent inefficaces à long terme, conduisant à la récurrence des mêmes problématiques.
Gestion des dérogations et procédures de reclassement
La gestion des dérogations constitue un aspect délicat mais incontournable du contrôle qualité industriel. Face à un produit non conforme aux spécifications, trois options se présentent généralement: la mise au rebut, la retouche pour mise en conformité, ou l'acceptation exceptionnelle en l'état via une dérogation. Cette dernière option, bien que nécessaire dans certaines situations, doit être strictement encadrée pour éviter toute dérive préjudiciable à la qualité globale.
Une procédure de dérogation rigoureuse implique systématiquement une analyse de risque documentée. Cette évaluation examine l'impact potentiel de la non-conformité sur la fonctionnalité, la sécurité, la durabilité et l'esthétique du produit final. Elle doit être réalisée par du personnel compétent, indépendant de la production, et validée à un niveau hiérarchique approprié en fonction de la criticité de l'écart. Les dérogations concernant des caractéristiques critiques nécessitent généralement l'approbation du client, particulièrement dans des secteurs comme l'automobile ou l'aéronautique.
Le reclassement représente une alternative à la dérogation lorsque le produit non conforme pour une application donnée peut néanmoins satisfaire les exigences d'une autre utilisation moins contraignante. Par exemple, un composant ne répondant pas aux critères esthétiques pour un produit visible pourrait être redirigé vers une application où il sera dissimulé.