Le choix de l'emplacement d'un bâtiment industriel constitue une décision stratégique majeure qui influencera durablement la performance et la rentabilité de l'entreprise. Cette décision dépasse largement le simple aspect immobilier pour intégrer des dimensions logistiques, réglementaires, techniques et économiques. Un site industriel bien positionné devient un atout concurrentiel déterminant, tandis qu'un mauvais choix peut compromettre la viabilité même du projet. La sélection du terrain idéal requiert une analyse minutieuse de multiples facteurs interconnectés, depuis l'accessibilité des infrastructures de transport jusqu'aux contraintes environnementales en passant par les incitations fiscales territoriales.
Le terrain d'implantation conditionne non seulement la capacité de production et les coûts opérationnels, mais détermine également l'attractivité pour la main-d'œuvre, l'efficacité logistique et même l'image de marque de l'entreprise. Face à la complexité croissante des réglementations et aux exigences de compétitivité, une méthodologie structurée d'évaluation des sites s'impose pour optimiser ce choix crucial qui engagera l'entreprise sur plusieurs décennies.
Analyse des critères géographiques et logistiques pour l'implantation industrielle
L'analyse géographique constitue le socle fondamental de toute décision d'implantation industrielle. Elle détermine la viabilité opérationnelle du site et son potentiel de développement à long terme. Une localisation stratégique permet d'optimiser les flux de marchandises, de réduire les coûts logistiques et d'améliorer la réactivité face aux demandes du marché. La proximité avec les fournisseurs et les clients finaux raccourcit les délais d'approvisionnement et de livraison, créant ainsi un avantage concurrentiel significatif.
L'évaluation géographique doit prendre en compte non seulement la situation actuelle mais aussi les évolutions prévisibles des infrastructures et des bassins économiques. L'accessibilité multimodale (routière, ferroviaire, fluviale, maritime et aérienne) offre une flexibilité logistique précieuse face aux aléas du marché. Un positionnement judicieux au sein des réseaux de transport existants peut générer des économies substantielles sur toute la durée de vie de l'installation industrielle.
Proximité des axes routiers et autoroutiers : cas de la zone industrielle d'athélia à la ciotat
La zone industrielle d'Athélia à La Ciotat illustre parfaitement l'importance stratégique de la proximité des axes routiers majeurs. Située à l'intersection de l'autoroute A50 reliant Marseille à Toulon et de la départementale D559, cette zone bénéficie d'une accessibilité exceptionnelle qui a catalysé son développement. Les entreprises implantées peuvent desservir rapidement l'ensemble de la région PACA sans subir les contraintes de circulation des zones urbaines denses.
L'accès direct à l'autoroute permet aux poids lourds d'éviter les traversées urbaines, réduisant ainsi les temps de transport et l'empreinte environnementale. Cette configuration optimale diminue les coûts logistiques de 15 à 20% par rapport à des zones moins bien desservies. Pour les industriels ayant un fort volume d'expéditions quotidiennes, cette économie représente un avantage concurrentiel déterminant qui justifie souvent un investissement foncier initial plus élevé.
La qualité des infrastructures routières environnantes influe également sur l'attractivité du site pour les employés, avec un impact direct sur le recrutement et la fidélisation du personnel. Une étude récente démontre que 68% des salariés considèrent le temps de trajet domicile-travail comme un critère décisif dans le choix d'un emploi industriel.
Accessibilité par transport multimodal : l'exemple du port industriel de Fos-sur-Mer
Le complexe industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer représente un cas d'école en matière d'accessibilité multimodale. Cette plateforme stratégique combine accès maritime international, réseau ferroviaire intégré, connexion autoroutière et infrastructures fluviales via le Rhône. Cette configuration unique en fait un hub logistique de premier plan pour les industries nécessitant l'importation de matières premières volumineuses ou l'exportation de produits finis vers les marchés internationaux.
Les entreprises du secteur sidérurgique ou pétrochimique implantées à Fos-sur-Mer bénéficient d'une réduction des coûts de transport pouvant atteindre 35% par rapport à des sites ne disposant que d'un accès routier. La possibilité de combiner différents modes de transport offre également une résilience accrue face aux perturbations logistiques, comme l'ont démontré les récentes crises sanitaires et géopolitiques.
La multimodalité constitue désormais un facteur de compétitivité incontournable pour les implantations industrielles à forte dépendance logistique. L'intégration dans un réseau de transport diversifié représente une assurance opérationnelle dont la valeur s'accroît proportionnellement à l'instabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales.
Cartographie des bassins de main-d'œuvre qualifiée en zone périurbaine
L'accès à un bassin de main-d'œuvre qualifiée représente un critère déterminant dans le choix d'implantation industrielle, particulièrement pour les secteurs à haute valeur ajoutée. Les zones périurbaines offrent souvent un compromis optimal entre disponibilité des compétences et coût du foncier. Une cartographie détaillée des compétences disponibles localement permet d'identifier les territoires présentant la meilleure adéquation avec les besoins spécifiques de l'activité envisagée.
Les données de l'INSEE révèlent que les zones situées dans un rayon de 30 à 45 minutes d'un pôle universitaire ou d'un centre de formation spécialisé présentent généralement un taux de disponibilité de profils techniques qualifiés supérieur de 22% à la moyenne nationale. Cette proximité facilite également la mise en place de partenariats formation-entreprise et de programmes d'apprentissage adaptés aux besoins spécifiques de l'industrie concernée.
L'analyse démographique prospective du territoire d'implantation s'avère tout aussi cruciale pour anticiper l'évolution du marché de l'emploi local. Les mouvements de population, le vieillissement démographique et les tendances migratoires influenceront directement la disponibilité des compétences à moyen et long terme, avec des implications majeures sur la stratégie de recrutement et de formation.
Évaluation de la chaîne d'approvisionnement selon le secteur d'activité
Chaque secteur industriel présente des exigences spécifiques en matière de chaîne d'approvisionnement qui influencent directement le choix optimal d'implantation. Pour les industries à flux tendu comme l'automobile, la proximité des fournisseurs de rang 1 peut réduire les stocks tampons de 40 à 60%, libérant ainsi des capitaux considérables et diminuant la surface nécessaire de stockage. À l'inverse, les secteurs comme la métallurgie privilégieront la proximité des matières premières et des infrastructures de transport lourd.
L'analyse géospatiale des chaînes d'approvisionnement permet d'identifier les zones de convergence logistique où les coûts de transport consolidés sont minimisés. Cette modélisation intègre non seulement les distances physiques mais également les temps de parcours réels, les contraintes réglementaires (restrictions de circulation, zones à faibles émissions) et les infrastructures disponibles.
Les données collectées auprès d'entreprises industrielles françaises indiquent qu'une réduction de 10% de la distance moyenne pondérée vers les principaux fournisseurs se traduit par une diminution des coûts logistiques de 7 à 12%, avec un impact particulièrement significatif pour les industries manipulant des produits volumineux ou à faible valeur ajoutée.
Réglementations d'urbanisme et contraintes environnementales
Les réglementations d'urbanisme et les contraintes environnementales encadrent strictement les possibilités d'implantation industrielle et conditionnent la faisabilité même des projets. Ces dispositions, qui varient considérablement d'un territoire à l'autre, déterminent non seulement l'autorisation d'implantation mais également les caractéristiques techniques et architecturales des installations. Une connaissance approfondie de ces réglementations est indispensable dès les premières phases de prospection foncière pour éviter des investissements dans des terrains inadaptés.
Les contraintes environnementales se sont considérablement renforcées ces dernières années sous l'impulsion des directives européennes et des objectifs nationaux de transition écologique. Elles imposent désormais des études d'impact approfondies et des mesures compensatoires dont le coût peut représenter jusqu'à 15% du budget global d'implantation. Ces exigences, bien que contraignantes, encouragent également l'innovation en matière d'éco-conception industrielle et peuvent constituer un levier de différenciation pour les entreprises adoptant une démarche proactive.
Plan local d'urbanisme (PLU) et zones industrielles compatibles
Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) constitue le document de référence pour déterminer la compatibilité d'un projet industriel avec la destination réglementaire des sols. Il définit précisément les zones dédiées aux activités industrielles (généralement classées UE, UI ou AUI) et fixe les prescriptions spécifiques applicables : coefficient d'emprise au sol, hauteur maximale des constructions, reculs obligatoires, obligations en matière de stationnement et d'espaces verts.
L'analyse du règlement du PLU doit être particulièrement minutieuse concernant les articles relatifs aux installations techniques et aux rejets. Certaines zones, bien qu'industrielles, peuvent comporter des restrictions spécifiques sur les émissions atmosphériques, les nuisances sonores ou les risques technologiques, rendant incompatibles certains types d'activités. Les données statistiques montrent que 22% des projets industriels sont contraints de modifier substantiellement leur conception initiale pour se conformer aux exigences du PLU.
L'évolution prévisible du document d'urbanisme doit également être anticipée, notamment dans les communes engagées dans une révision de leur PLU ou dans l'élaboration d'un PLU intercommunal (PLUi). Une consultation préalable des services d'urbanisme locaux permet souvent d'identifier les orientations futures du territoire et d'éviter des investissements dans des zones susceptibles de voir leur vocation modifiée à moyen terme.
Installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) et implications pratiques
La législation sur les Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) impose un cadre réglementaire spécifique pour les activités industrielles présentant des risques pour l'environnement. Selon la nature et l'ampleur des dangers potentiels, l'installation sera soumise à un régime de déclaration, d'enregistrement ou d'autorisation, avec des procédures administratives et des contraintes techniques proportionnées.
Le classement ICPE influence directement la sélection du site d'implantation à travers plusieurs mécanismes. D'abord, il peut imposer des distances d'éloignement minimales par rapport aux habitations, établissements recevant du public ou zones naturelles sensibles. Ensuite, il détermine les aménagements techniques obligatoires (systèmes de rétention, traitement des rejets, dispositifs de sécurité) qui nécessitent une surface et une configuration de terrain adaptées.
Les données collectées par le Ministère de la Transition Écologique révèlent que les délais d'instruction des dossiers ICPE varient considérablement selon les régions et la complexité des projets, de 3 mois pour une simple déclaration à plus de 18 mois pour une autorisation environnementale complète incluant une enquête publique. Cette dimension temporelle constitue un paramètre critique dans la planification d'un projet industriel et peut justifier la sélection de sites où les procédures administratives sont réputées plus fluides.
Évaluation de l'impact environnemental selon la directive seveso
La directive Seveso, transposée dans le droit français, établit un cadre particulièrement contraignant pour les installations industrielles manipulant des substances dangereuses au-delà de certains seuils. Les sites classés Seveso (seuil haut ou seuil bas) font l'objet d'une surveillance renforcée et doivent mettre en œuvre des mesures de prévention et de gestion des risques spécifiques qui impactent directement le choix de leur implantation.
Pour les installations concernées, la sélection du site doit intégrer la possibilité d'établir des zones de maîtrise de l'urbanisation autour du périmètre industriel. Ces servitudes d'utilité publique, définies dans les Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT), limitent strictement le développement urbain à proximité et peuvent générer des contraintes administratives et financières significatives.
L'implantation d'un site Seveso nécessite une analyse approfondie du contexte territorial, incluant la densité de population environnante, la présence d'autres installations à risque (effet domino potentiel) et la sensibilité environnementale du milieu. Les statistiques démontrent que 78% des nouveaux sites Seveso s'implantent désormais dans des zones industrielles spécialisées, déjà équipées pour la gestion des risques majeurs, plutôt que dans des locations isolées, afin de mutualiser les infrastructures de sécurité et de bénéficier d'une meilleure acceptabilité sociale.
Études de sol et gestion des risques naturels
Les caractéristiques géotechniques du terrain constituent un facteur déterminant dans le choix d'une implantation industrielle, avec des implications directes sur les coûts de construction et la sécurité des installations. Une étude de sol approfondie (mission G1 PGC suivie d'une mission G2 AVP/PRO) permet d'identifier d'éventuelles contraintes comme des sols instables, des cavités souterraines, des pollutions historiques ou des nappes phréatiques affleurantes.
La présence de sols compressibles peut augmenter les coûts de fondation de 30 à 50%, tandis que la découverte d'une pollution nécessitant une dépollution complète peut multiplier par trois le budget d'acquisition et de préparation du terrain. Ces surcoûts potentiels justifient
pleinement intégrés à toute analyse préliminaire d'investissement industriel. Une approche prudente consiste à prévoir une enveloppe de 5 à 8% du budget global pour les adaptations nécessaires liées aux caractéristiques géotechniques imprévues.
L'exposition aux risques naturels (inondation, mouvement de terrain, séisme, retrait-gonflement des argiles) doit également faire l'objet d'une analyse rigoureuse. Les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) imposent des restrictions constructives et des mesures de protection spécifiques dans les zones à risque, avec des implications significatives sur la conception des bâtiments et les coûts associés.
La résilience face aux événements climatiques extrêmes devient un critère de plus en plus prépondérant dans le contexte du changement climatique. Les épisodes de canicule, les précipitations intenses ou les vents violents peuvent affecter la continuité des opérations industrielles. L'analyse des données météorologiques historiques et des projections climatiques localisées permet d'anticiper ces contraintes et d'adapter la conception du site en conséquence.
Paramètres techniques et infrastructurels du site
Au-delà des considérations géographiques et réglementaires, les paramètres techniques d'un site industriel déterminent sa viabilité opérationnelle et sa capacité à soutenir les processus de production envisagés. L'infrastructure existante conditionne non seulement les coûts initiaux d'aménagement mais également les performances et la compétitivité à long terme de l'installation. Une évaluation exhaustive des capacités techniques disponibles et des investissements nécessaires pour atteindre les spécifications requises constitue une étape indispensable du processus de sélection.
Les besoins en ressources fondamentales comme l'énergie, l'eau et les télécommunications varient considérablement selon les secteurs industriels. Une analyse approfondie de l'adéquation entre ces besoins spécifiques et les infrastructures disponibles permet d'identifier d'éventuels goulets d'étranglement et d'anticiper les investissements complémentaires nécessaires. La sous-estimation de ces paramètres techniques peut engendrer des surcoûts considérables et des retards préjudiciables dans la mise en service des installations.
Capacité électrique et raccordements haute tension avec ENEDIS
L'alimentation électrique constitue souvent le paramètre technique le plus critique pour une implantation industrielle, particulièrement dans les secteurs énergivores comme la métallurgie, la chimie ou le traitement thermique. La puissance disponible sur le réseau local, exprimée en kVA ou MVA, détermine directement la capacité productive maximale de l'installation. Selon les données d'ENEDIS, les délais de raccordement pour une installation industrielle nécessitant plus de 250 kVA peuvent s'étendre de 6 à 18 mois, avec des coûts variant de 100 000 à plusieurs millions d'euros selon la distance au poste source le plus proche.
L'analyse de la qualité de l'alimentation électrique revêt une importance particulière pour les processus sensibles aux micro-coupures ou aux variations de tension. Les statistiques de fiabilité du réseau local (temps moyen entre pannes, durée moyenne des interruptions) doivent être méticuleusement évaluées. Pour les industries critiques, l'installation de systèmes d'alimentation sans interruption ou de groupes électrogènes de secours représente un investissement supplémentaire à intégrer dans l'équation économique du projet.
La transition énergétique offre également de nouvelles opportunités d'optimisation avec les contrats d'approvisionnement direct en électricité renouvelable (Power Purchase Agreement) ou l'autoproduction photovoltaïque. Un site disposant d'une surface de toiture importante et bien orientée peut générer jusqu'à 30% de sa consommation électrique, avec un retour sur investissement compris entre 6 et 10 ans selon les régions et les dispositifs de soutien disponibles.
Ressources hydrauliques et gestion des eaux industrielles
L'approvisionnement en eau et la gestion des effluents constituent des paramètres déterminants pour de nombreux secteurs industriels. La disponibilité d'eau en quantité suffisante, sa qualité et son coût varient considérablement selon les territoires. Les industries fortement consommatrices, comme l'agroalimentaire ou la papeterie, doivent évaluer minutieusement les capacités des réseaux publics ou la possibilité de captages privés, en tenant compte des restrictions croissantes liées au stress hydrique.
L'évacuation et le traitement des eaux usées industrielles représentent souvent une contrainte majeure, avec des implications techniques et financières significatives. La capacité de la station d'épuration locale à accepter les effluents spécifiques de l'activité, ou la nécessité d'installer un système de prétraitement sur site, doivent être intégrées dès la phase initiale d'évaluation. Les coûts d'investissement pour une station de prétraitement industriel peuvent représenter 3 à 8% du budget global d'implantation, avec des charges d'exploitation annuelles considérables.
L'eau industrielle ne se limite pas à une question de volume disponible, mais englobe toute une chaîne de traitement, d'utilisation et de retraitement dont chaque maillon doit être optimisé pour garantir à la fois la viabilité économique et la conformité environnementale de l'installation.
La gestion des eaux pluviales fait également l'objet d'exigences croissantes, particulièrement sur les sites industriels présentant d'importantes surfaces imperméabilisées. Les solutions de rétention, d'infiltration ou de réutilisation nécessitent des espaces dédiés qui doivent être anticipés dans la configuration du site. Une conception intégrée de la gestion hydraulique peut transformer cette contrainte en opportunité, avec des bassins paysagers contribuant à la qualité environnementale de l'installation.
Topographie du terrain et coûts d'aménagement
La configuration topographique du terrain influence directement les coûts d'aménagement et la fonctionnalité future de l'installation industrielle. Un terrain présentant une pente excessive ou des dénivelés importants nécessitera des travaux de terrassement considérables, avec des surcoûts pouvant atteindre 15 à 25€ par mètre cube déplacé. À l'inverse, un terrain parfaitement plat peut présenter des inconvénients en termes d'écoulement naturel des eaux pluviales, nécessitant des infrastructures de drainage plus élaborées.
La forme du terrain et sa géométrie déterminent également l'efficience de l'implantation. Un rapport de l'Ordre des Géomètres-Experts indique qu'un terrain de forme régulière (rectangulaire ou carré) permet d'optimiser l'emprise bâtie de 12 à 18% par rapport à un terrain de forme irrégulière ou triangulaire. Cette optimisation se traduit par une réduction des coûts de construction et une meilleure organisation des flux logistiques internes.
L'analyse préalable des mouvements de terre nécessaires doit intégrer la qualité géotechnique des matériaux en place et leur potentiel de réutilisation sur site. La possibilité d'équilibrer les déblais et remblais représente un levier d'optimisation économique et environnementale significatif, réduisant à la fois les coûts de transport et l'empreinte carbone du projet. Les techniques de modélisation 3D permettent aujourd'hui de simuler différents scénarios d'aménagement et d'identifier la solution optimale en fonction des contraintes spécifiques du site.
Infrastructures numériques et débits disponibles pour l'industrie 4.0
La transformation numérique de l'industrie, communément désignée sous le terme d'Industrie 4.0, place la connectivité au rang des ressources stratégiques pour toute implantation moderne. La disponibilité de connexions à très haut débit, la fiabilité des réseaux et la latence des transmissions constituent désormais des critères discriminants dans le choix d'un site industriel. Selon l'ARCEP, les zones d'activités présentent des disparités considérables en matière d'infrastructure numérique, avec des débits variant de quelques Mbit/s à plusieurs Gbit/s.
L'évaluation des infrastructures numériques doit prendre en compte non seulement la situation actuelle mais également les perspectives d'évolution à moyen terme. Le déploiement de la fibre optique industrielle, des réseaux 5G privés ou des technologies IoT spécifiques peut nécessiter des investissements complémentaires substantiels dans les zones moins bien équipées. Pour une usine connectée de taille moyenne, le surcoût d'infrastructure numérique peut représenter 50 000 à 200 000 euros selon le niveau d'équipement initial du site.
La redondance des connexions et la sécurisation des infrastructures numériques constituent également des paramètres critiques pour les industries dont les processus reposent sur des systèmes automatisés ou des applications cloud. La disponibilité de plusieurs opérateurs télécom sur la zone, permettant une diversification des accès, représente un atout significatif en termes de résilience opérationnelle. Les données montrent que 83% des sites industriels modernes considèrent désormais la qualité de l'infrastructure numérique comme un critère "très important" ou "critique" dans leur décision d'implantation.
Critères fiscaux et économiques de l'implantation
L'analyse économique d'une implantation industrielle doit intégrer une dimension fiscale et financière complète qui dépasse largement le simple coût d'acquisition du foncier. Les dispositifs d'aide à l'investissement, les exonérations fiscales territoriales et les mécanismes de soutien à l'innovation peuvent significativement modifier l'équation économique d'un projet et favoriser certains territoires par rapport à d'autres. Cette optimisation fiscale légale constitue un levier de compétitivité que les entreprises industrielles ne peuvent ignorer dans un contexte de concurrence internationale.
La comparaison économique entre différents sites potentiels doit s'appuyer sur une analyse en coût global, intégrant l'ensemble des dépenses d'investissement initial, les charges d'exploitation récurrentes, mais également les avantages fiscaux et les subventions disponibles sur la durée de vie prévisionnelle de l'installation. Cette approche permet d'identifier le véritable optimum économique au-delà des apparences parfois trompeuses du prix du terrain.
Zones d'aide à finalité régionale (AFR) et subventions européennes FEDER
Les Zones d'Aide à Finalité Régionale (AFR) constituent un dispositif puissant d'incitation à l'implantation industrielle dans les territoires présentant des fragilités économiques. Ce zonage, défini au niveau européen et décliné nationalement, permet aux entreprises de bénéficier d'aides directes à l'investissement productif, sous forme de subventions ou d'avantages fiscaux. L'intensité de ces aides varie selon la taille de l'entreprise et la zone concernée, pouvant atteindre 30% des investissements éligibles pour les PME dans les zones les plus prioritaires. Le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) représente une source complémentaire de financement particulièrement adaptée aux projets industriels contribuant aux objectifs de cohésion territoriale et de transition écologique. Les programmes opérationnels régionaux 2021-2027 concentrent leurs interventions sur l'innovation, la compétitivité des PME et la décarbonation de l'industrie, avec des taux de cofinancement pouvant atteindre 60% dans certaines régions moins développées. Les statistiques de la Commission Européenne révèlent que les projets industriels bénéficiant du FEDER présentent un taux de réussite supérieur de 23% à la moyenne du secteur.
La combinaison des dispositifs AFR et FEDER peut créer un effet de levier financier considérable, réduisant significativement le capital propre nécessaire au lancement d'un projet industriel. Cette optimisation requiert cependant une expertise spécifique et une anticipation suffisante, les procédures d'instruction pouvant s'étendre sur 6 à 12 mois selon la complexité du dossier et les calendriers des appels à projets régionaux.
Fiscalité locale et exonérations de la cotisation foncière des entreprises (CFE)
La fiscalité locale représente une charge récurrente significative pour les installations industrielles, avec des variations territoriales considérables qui peuvent influencer durablement la rentabilité d'un site. La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), composante majeure de la fiscalité économique locale, présente des taux variables selon les communes, de 15% à plus de 30% dans certaines agglomérations. Une analyse comparative préalable des taux pratiqués dans les différentes zones d'implantation envisagées permet d'anticiper cette charge annuelle qui peut représenter jusqu'à 2% du chiffre d'affaires dans certains secteurs industriels à faible marge.
De nombreuses collectivités proposent des exonérations temporaires de CFE pour attirer de nouvelles implantations industrielles, particulièrement dans les zones de revitalisation rurale (ZRR) ou les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Ces exonérations, pouvant s'étendre de 2 à 5 ans, représentent une économie substantielle dans la phase critique de démarrage de l'activité. L'analyse des délibérations des intercommunalités permet d'identifier les territoires proposant les dispositifs les plus avantageux.
La taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) constitue également une charge fiscale significative pour les implantations industrielles. Certains territoires proposent des abattements spécifiques pour les bâtiments respectant des critères de performance environnementale, créant ainsi une incitation supplémentaire à l'éco-conception industrielle. Un bâtiment certifié haute qualité environnementale peut ainsi bénéficier d'une réduction de TFPB jusqu'à 50% pendant 3 à 5 ans dans les communes ayant adopté cette mesure incitative.
Coût immobilier comparatif des parcs industriels par région
Les disparités de coût immobilier entre les différentes régions françaises créent des opportunités d'optimisation économique significatives pour les projets d'implantation industrielle. Selon les données de l'Observatoire de l'Immobilier d'Entreprise, le prix moyen des terrains industriels viabilisés varie de 15-25€/m² dans certaines zones rurales à plus de 200-300€/m² dans les métropoles les plus attractives, soit un facteur multiplicatif pouvant dépasser 10.